Architecture
Le Château a été reconstruit dans la dernière décennie du XVème siècle (1489) et le tout début du siècle suivant, c'est à dire au début de la renaissance. La fin du chantier serait vers 1505 ou 1515 (mort de Gauthier de Perusse). Il est probablement un des derniers chateaux moyennageux construit en France, à l'instar du château de Rochechouart. Il se présente sous la forme d’un quadrilatère cantonné de tours rondes. Un large et profond fossé l'entoure et ensuite par un boulevard d’artillerie périphérique, entouré d'un long mur de première défense.
Dans un dessin de 1855, Léo DROUIN représente la courtine nord, les ruine de la loggia et la tour NE. On voit nettement la colonne torse figurée contre la tour, il en reste un morceau de nos jours. Cette représentation est tout à fait précieuse et met en lumière ce château dont les vestiges gagneraient à être préservés et mis en valeur.
Elle est à mettre en regard du lavis de la face nord du château, réalisé par N.C. ALLOU en 1837, montrant la progression rapide de la ruine.
C’est un château médiéval de construction classique pour la fin du XVème. Quatre tours rondes sont présentes en coins. Chacune étant intérieurement rectangulaire, avec une orientation qui nous apparait aléatoire. La porte d’entrée donnant sur la cour est un donjon-porte carré. Il était muni d’un pont-levis, tel celui du château de Rochechouart.
L’ancien logis du XIIème, à l’Est, a été incorporé dans la construction du château. Son mur extérieur, sans doute pas assez épais, a été doublé d’un glacis (nous pouvons voir depuis le boulevard le dédoublement du mur Est).
La chapelle est située au NW. Elle était composée de 2 voûtes en croisées d'ogive et de 2 fenêtres de style gothiques à vitraux (voir dessin de ALLOU). Une galerie reliait le logis à la chapelle, sa couverture étant supportée par des colonnes torses (probablement réemployées en partie au château de Rochechouart). Au Nord une loggia renaissance a été rajoutée tardivement à l’extérieur de l’enceinte, indiquant clairement une destination récréative du château et non plus défensive.
Le château est entouré de douves en demi-lune qui pouvaient être remplies à la demande grâce à un étang situé à l'ouest. On peut encore noter, à l'est, les murs en pierre des contre-escarpes (qui devaient probablement exister partout)
" L’accès au château s’effectuait par la tour-porte quadrangulaire du front nord, équipée d’un pont-levis à flèches, dont le passage couvert était voûté d’ogives. A l’époque de Drouyn, la clé pendante de cette voûte trainait encore « dans les décombres de la cour ». Le sommet de la tour était encore muni de quelques consoles de mâchicoulis « par-dessus lesquels s’élève la base d’une autre tour plus étroite, qui donnait beaucoup d’élégance au château ». On peut donc imaginer une tour dotée d’un chemin de ronde couvert comme cela est fréquent à la fin du Moyen-Âge. Par analogie avec Montbrun, Drouyn pense que les tours d’angle étaient, elles aussi, munies de mâchicoulis. Les tours d’angle, comme les portions de courtines conservent plusieurs modèles de canonnières des années 1490-1510, généralement « à la française » (c’est-à-dire à ébrasement extérieur très aplati), mais pour certaines, à pertuis de tir de fente de visée en arrière du parement (avec ébrasement plus prononcé, à la base des tours).
Léo Drouyn nous apprend que, comme au château des Cars, à saint-Germain de Confolens, à Rochechouart ou à Bonneval, réalisations contemporaines, Lavauguyon comportait des galeries sur portiques. Ici, les quatre côtés de la cour intérieure (33m par 33m) en étaient munis. Il ne parle pas de la forme des colonnes de cet ensemble de portiques. Etaient-elles torsadées comme à Rochechouart ? Nous pouvons penser que oui, compte tenu des supports de poteaux en réemploi dans les granges de Fougeras ou de Lâge de Maisonnais. Il note que les colonnes de la loggia édifiée sur le fossé nord, à gauche du la tour-porte, sont torsadées comme celles de Rochechouart et que les arcs qu’elles soutenaient étaient surbaissés. Il distingue, dans cette loggia, deux étages de chambres, le tout couvert en terrasse « de béton » épaisse de 50cm. Cet agrandissement réalisé dans le fossé est manifestement inspiré par des loggias des grands châteaux royaux sous Louis XII puis François Ier : peut-être est-il à mettre à l’actif de François des Cars, fils de Gautier, après 1515?
Le logis principal occupe l’aile est du quadrilatère et il est desservi, comme à Rochechouart, par deux tourelles d’escaliers en vis, hors œuvre. Léo Drouyn remarque la présence de peinture sur le courtine Ouest, sous la galerie, qu’il date du commencement du XVIème siècle, portraits plus grands que nature avec des inscriptions qui indiquent les noms des personnages : portraits de famille ou scènes historiques."
Christian REMY
RECONSTITUTION 3D (E. ZUCKMEYER)
Vue aérienne de la cour et la partie sud
Reconstitution 3D
A partir des quelques documents disponibles comme les illustrations du 19ème, le cadastre napoléonien, le relevé topographique d'Archéa 1998, etc, j'ai élaboré une maquette 3D en utilisant le logiciel SketchUp. Cela permet (et permettra) de mettre en cohérence les diverses informations.
Il y a nécessairement une partie interprétative sur les élévations aujourd'hui disparues.
Vue vers le nord, le château dans le hameau de Lavauguyon
L'entréé nord du château
Voyage dans le château du 15ème siècle