Histoire du Château

En 1352, Jourdain de Montcocu, chevalier, se dit Seigneur de Lavauguyon. Il habite alors une maison forte. 

Au début du XVème siècle, le jeune Jourdain est sous la tutelle de son oncle, Audoin de Pérusse. Ce dernier hérite de Lavauguyon vers 1420, son neveu étant manifestement décédé sans descendance. Les Pérusse, propriétaires du château des Cars depuis le XlVème siècle, mettent ainsi la main sur la seigneurie de Lavauguyon.

En 1435, le testament d’Audoin de Pérusse attribue l’hospicium de La Vau Guyon (maison forte, relais) à son aîné Gautier de Pérusse (1). En 1467, ce dernier prête hommage au vicomte de Rochechouart et devient son vassal. En 1479, n’ayant pas d’enfants, il partage ses biens et attribue Lavauguyon à Gautier de Pérusse, l’un de ses trois neveux. 

LA CONSTRUCTION

En 1489, celui-ci commence l’édification du château et renonce à la vassalité avec le Vicomte de Rochechouart qui tente d’obtenir en 1492 la démolition des premiers travaux et demande que tous les bâtiments fortifiés, tours et tourelles, qui ont été édifiées depuis trois années (donc depuis 1489) soient démolis et abattus. Au contraire, Gautier de Pérusse obtient le soutien de Pierre de Bourbon-Beaujeau et de sa femme, Anne de France, anciens régents après la mort de Louis XI, bientôt sénéchal de Bourbon. Il obtient la seigneurie de Saint-germain de Confolens qu’il reconstruit également (Après 1498). Il devient un personnage influent : sénéchal de Bourbon. Il réussit à marier son fils François de Pérusse à l’héritière d’une branche cadette des Bourbon, Isabeau de Carency. Il date de nombreux documents de Lavauguyon qui est sa résidence principale. On doit, de toute évidence, lui attribuer la construction du château, entre 1489 et sa mort vers 1515.

Son petit-fils, Jean d’Escars hérite du bien. Il est estimé des rois de France Henri III et Charles IX. Ce dernier érige la seigneurie de Lavauguyon en comté en 1568. Jean meurt en 1595, laissant sa succession à sa fille Diane, mariée à Louis d’Estuer de Caussade.

En 1653, Marie d’Estuer de Caussade, petite-fille unique de Diane, est mariée à Barthélémy de Quélen, qui devient comte de Lavauguyon et prince de Carency. Il meurt au siège de Douai en 1667. Marie se remarie avec andré Betoulat. En 1694, le Mercure Galant (une gazette nationale) relate les funérailles (en grandes pompes) de Marie d’Estuer organisées au château, entièrement recouvert de tentures noires pour l’occasion.

Mais en 1720, le fils de Marie, Nicolas de Quélen de Lavauguyon, est obligé de vendre la forteresse de Lavauguyon ainsi que le château de Varaignes (en Dordogne) car la famille a été ruinée par André Bétoulat, le second époux de Marie. En 1759, Antoine Paul Jacques de Quélen, fils de Nicolas, qui n’est plus propriétaire du château, obtient néanmoins du roi Louis XV le titre ducal pour son comté de Lavauguyon, titre qui survit à la vente.

d'après Christian REMY

LA FIN

La forteresse était dans toute sa splendeur lors de la première vente des seigneuries de LAVAUGUYON et de VARAIGNES en 1720, (la branche de Lavauguyon de la famille Pérusse des Cars étant ruinée) à Vincent LE BLANC. Celui-ci le revend rapidemment, en 1723, les deux seigneuries pour 400 000 livres à Pierre Jacques DE LAYE, conseiller du roi, président de la cour des comptes. Lavauguyon est alors décrit ainsi  «un château composé de quatre corps de logis flanqués de quatre grosses tours rondes par le dehors et de trois petites par le dedans, d'un donjon, galeries basses et hautes, cour au milieu, le tout entouré de fossés à fond de cuve. Avant cour, où sont les écuries, greniers au dessus et autres édifices et bâtiments. Chapelle dans le château, jardin et pré clôtures, bois taillis de futaies. Métairies, prés, moulins, étangs, droits de péage,... »

En 1729, la vente est engagée pour paiement incomplet de Jacques DE LAYE, suite à un procès dont le résultat chiffré ne nous est pas connu actuellement.      Le 25 juin 1755, à la requête des créanciers de Jacques de Laye, une visite-expertise eut lieu dont le procès-verbal remis à Maître Pierre Moreau, notaire à Rochechouart stipule :

« Nous avons trouvé le portail de la grande porte de l'avant cour (entrée actuelle du chemin conduisant au château) sans fermeture : portail à double battant roulant sur pivots, avec une porte brisée soutenue par deux pommelles. Entrés dans la maison du garde ou portier, avons trouvé la porte simple en mauvais état avec une serrure sans clé. La fenêtre de ladite chambre, sans volets, fermant seulement avec de mauvaises planches mal jointées, chambre pavée à grands carreaux de pierre avec des manques. Sommes montés au grenier par une brèche dans le torchis. Sommes transportés aux écuries dont la charpente est en assez bon état. Visite des greniers.

Visite du jardin et de la guérite du Jardinier. Le pont avant le château est en mauvais état mais le pont-levis en meilleur état. Visite de la chapelle dont l'autel est sans aucun ornement. Visite de la chambre du tréfonds puis dans la chambre au dessus du tréfonds...Visite des galeries basses, les peintures tombent en vétusté, on distingue avec peine leurs représentations. Les poutres et soliveaux peuvent encore servir, mais il manque quelques planches.

Visite de la boulangerie, de la chambre au dessus dont la porte est démolie...Visite des logis qui sont en mauvais état, manteaux de cheminées éboulés ou menaçant ruine. La charpente est en assez bon état... »

Suite à ce procès-verbal, de nombreuses questions sont sans réponses, ce qui va rendre indispensables des recherches approfondies aux Archives départementales de la Haute-Vienne pour la période 1755/ 1793, 1793 étant la date du décret de démantèlement des forteresses promulgué par les députés de la Convention.

En 1764, le 9 juin, la seigneurie de Lavauguyon fût acquise par Jean-Philippe GRATEREAU, chevalier et seigneur de Graulges en Charente, dont la famille en est propriétaire lors de la Révolution. Fin 1792 Jean-Nicolas GRATEREAU DE GRAULGES,  fils de l'acquéreur,émigre aux Etats-Unis. Tous ces biens ont été réquisitionnés en 1789 puis vendus comme Bien National en 1791. La propriété était composée ainsi: Le Château, jardin et réserves de Lavauguyon / le Domaine de La Grange/ le Moulin de Maisonnais / le Moulin de Lavauguyon / le Domaine de Fougeras / le Domaine de La Folie / le Pré de l'Abbaye.

Mais en 1793 ordre est donné par la convention de démanteler toutes les forteresses du Limousin (le château de Rochechouart sera sauvé par ses habitants). 

Le château deviendra alors une lucrative carrière de pierres jusqu’au XXième siècle.

En 1826, naissance de Marguerite Félicie BARRET de BOISBERTRAND, petite fille de l'acquéreur du Bien national, qui héritera du Château de Lavauguyon.

Enfin, en 2008 l'Association « Les Amis du Château de Lavauguyon », grâce à un descendant, Jacques Dubois de Quelen de Lavauguyon, bienfaiteur, a acheté la forteresse à ses descendants.

En 2013 le château et les douves sont rétrocédés par bail emphytéotique à la commune de Maisonnais sur Tardoire



Dans les ruines actuelles, l’élément le plus ancien est le pignon de l'ancien logis.

Cet ancien relais pourrait remonter au XII-XIIIème siècle. 

Le blason de jean Pérusse d'Escars, prince de Carency